Bassin du Lac Tchad : s’adapter pour survivre, malgré les conditions climatiques de plus en plus difficiles

Article : Bassin du Lac Tchad : s’adapter pour survivre, malgré les conditions climatiques de plus en plus difficiles
Crédit: Honoré Barka
1 avril 2023

Bassin du Lac Tchad : s’adapter pour survivre, malgré les conditions climatiques de plus en plus difficiles

La variabilité climatique qui sévit ces dernières années (inondations, sécheresses, forte chaleur…), pousse les populations à développer des systèmes de résilience pour faire face à l’insécurité alimentaire. Kadjidja et ses voisines ont décidés de voir les choses autrement. Découverte !

Au cours d’un de mes voyages dans cette partie du pays, plus précisément dans l’arrondissement de Pette à l’Extrême-Nord du Cameroun, je découvre des femmes téméraires. Avec des moyens rudimentaires et de maigres muscles, dans la rudesse du climat, elles transportent de l’eau dans l’espoir de voir pousser les graines de tomate et autres légumes qu’elles enfouissent au sol.

Cette année, les précipitations ont joué un sale tour aux producteurs maraichers dans tout le pays. Mais dans ce village du Diamaré, aux portes du bassin du Lac Tchad, les conséquences ont encore été pires. L’eau de surface a disparu, la chaleur est torride, les sols sont sec et appauvris, la misère des populations est à son comble.

Kadjidja, une bénévole sans pareil !

Une femme, la quarantaine révolue, a décidé de ne pas rester les bras croisés. Veuve, six enfants à sa charge, agricultrice sans éducation scolaire… C’est une volontaire sans pareil que nous avons rencontré : Kadjidja. Par son sens élevé de mobilisation, elle a réussi à réunir une bonne dizaine de femme autour d’elle.

Ces femmes réunies autour de Kadjidja sont toutes analphabètes, d’où la nécessité de les instruire par une alphabétisation utile. D’abord, pour qu’elles soient au pas de la mondialisation, mais aussi pour les rendre résiliantes face aux effets des changements climatiques. Il est à noter que l’alphabétisation pourrait leur permettre de savoir lire et écrire, organiser au mieux la documentation de leur organisation, tenir leurs cahiers de caisse, faire des comptes d’exploitation, rédiger des rapports ou même monter des projets qui pourraient transformer tout leur village.

Malgré les difficultés d’accès à la terre, elles ont décidé d’occuper les champs en période de saison sèche (période où les hommes travaillent le moins la terre dans cette zone) pour faire du maraichage. Il est connu de tous ici que le frein à la pratique du maraichage est l’accès à l’eau. Mais Kadjidja et ses voisines, malgré la distance pour aller chercher de l’eau, ne baissent pas les bras.

Il est possible de forer entre 7 et 9 mètres

D’après des informations recueillies auprès des foreurs rencontrés dans la localité, il est possible de forer entre 7 et 9 mètres et avoir de l’eau ne serait-ce que pour le maraichage. Alors pourquoi ne pas créer des petits périmètres irrigués pour les villages environnants ?

Ces petits périmètres irrigués ont démontrés leur efficacité dans d’autres parties du bassin du Lac Tchad et même du continent. Ces petits périmètres pourraient permettre aux femmes de produire sans trop se peiner à aller chercher de l’eau au loin, et fournir en eau de manière efficace leurs cultures. 

Face à la pauvreté de plus en plus grandissante des populations en zone rurale, il est encore plus difficile pour les femmes d’avoir un certains revenu pour se fournir des équipements nécessaires à une bonne production. Alors pourquoi ne pas unir les femmes autour de Kadjidja en coopérative où elles pourraient cotiser de l’argent pour s’acheter des équipements pour irriguer de leurs champs ?

Les intrants agricoles vendus sur le marché, étant issus beaucoup plus des produits chimiques contribuant à la pollution des eaux et des sols, et n’étant pas à la bourse de ces femmes rurales, pourquoi ne pas surtout les initier à la production du compost et des bio-pesticides ? Après m’être entretenu avec elles, je découvre qu’elles ont des connaissances ancestrales, qui ont longtemps permis d’avoir des aliments sains et préservé l’écosystème. Mais comment réactiver donc ces connaissances afin qu’elles les mettent en œuvre ? Nous reviendrons prochainement dans un autre article.

A suivre…                               

Honoré Barka

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